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Maldoror

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Message par Eärendil Dim 27 Jan - 14:18

Chaque nuit, plongeant l'envergure de mes ailes dans ma mémoire
agonisante, j'évoquais le souvenir de Falmer... chaque nuit.
Ses cheveux blonds, sa figure ovale, ses traits majestueux
étaient encore empreints dans mon imagination...
indestructiblement... surtout ses cheveux blonds. Éloignez,
éloignez donc cette tête sans chevelure, polie comme la
carapace de la tortue. Il avait quatorze ans, et je n'avais
qu'un an de plus. Que cette lugubre voix se taise. Pourquoi
vient-elle me dénoncer? Mais c'est moi-même qui parle. Me
servant de ma propre langue pour émettre ma pensée, je
m'aperçois que mes lèvres remuent, et que c'est moi-même qui
parle. Et, c'est moi-même qui, racontant une histoire de ma
jeunesse, et sentant le remords pénétrer dans mon coeur...
c'est moi-même, à moins que je ne me trompe... c'est moi-même
qui parle. Je n'avais qu'un an de plus. Quel est donc celui
auquel je fais allusion? C'est un ami que je possédais dans
les temps passés, je crois. Oui, oui, j'ai déjà dit comment il
s'appelle... je ne veux pas épeler de nouveau ces six lettres,
non, non. Il n'est pas utile non plus de répéter que j'avais
un an de plus. Qui le sait? Répétons-le, cependant, mais, avec
un pénible murmure: je n'avais qu'un an de plus. Même alors,
la prééminence de ma force physique était plutôt un motif de
soutenir, à travers le rude sentier de la vie, celui qui
s'était donné à moi, que de maltraiter un être visiblement
plus faible. Or, je crois en effet qu'il était plus faible...
Même alors. C'est un ami que je possédais dans les temps
passés, je crois. La prééminence de ma force physique...
chaque nuit... Surtout ses cheveux blonds. Il existe plus d'un
être humain qui a vu des têtes chauves: la vieillesse, la
maladie, la douleur (les trois ensemble ou prises séparément)
expliquent ce phénomène négatif d'une manière satisfaisante.
Telle est, du moins, la réponse que me ferait un savant, si je
l'interrogeais là-dessus. La vieillesse, la maladie, la
douleur. Mais je n'ignore pas (moi, aussi, je suis savant)
qu'un jour, parce qu'il m'avait arrêté la main, au moment où
je levais mon poignard pour percer le sein d'une femme, je le
saisis par les cheveux avec un bras de fer, et le fis
tournoyer dans l'air avec une telle vitesse, que la chevelure
me resta dans la main, et que son corps, lancé par la force
centrifuge, alla cogner contre le tronc d'un chêne... Je
n'ignore pas qu'un jour sa chevelure me resta dans la main.
Moi, aussi, je suis savant. Oui, oui, j'ai déjà dit comment il
s'appelle. Je n'ignore pas qu'un jour j'accomplis un acte
infâme, tandis que son corps était lancé par la force
centrifuge. Il avait quatorze ans. Quand, dans un accès
d'aliénation mentale, je cours à travers les champs, en
tenant, pressée sur mon coeur, une chose sanglante que je
conserve depuis longtemps, comme une relique vénérée, les
petits enfants qui me poursuivent... les petits enfants et les
vieilles femmes qui me poursuivent à coups de pierre, poussent
ces gémissements lamentables: « Voilà la chevelure de Falmer.
» Éloignez, éloignez donc cette tête chauve, polie comme la
carapace de la tortue... Une chose sanglante. Mais c'est
moi-même qui parle. Sa figure ovale, ses traits majestueux.
Or, je crois en effet qu'il était plus faible. Les vieilles
femmes et les petits enfants. Or, je crois en effet...
qu'est-ce que je voulais dire?... or, je crois en effet qu'il
était plus faible. Avec un bras de fer. Ce choc, ce choc
l'a-t-il tué? Ses os ont-ils été brisés contre l'arbre...
irréparablement? L'a-t-il tué, ce choc engendré par la vigueur
d'un athlète? A-t-il conservé la vie, quoique ses os se soient
irréparablement brisés... irréparablement? Ce choc l'a-t-il
tué? Je crains de savoir ce dont mes yeux fermés ne furent pas
témoins. En effet... Surtout ses cheveux blonds. En effet, je
m'enfuis au loin avec une conscience désormais implacable. Il
avait quatorze ans. Avec une conscience désormais implacable.
Chaque nuit. Lorsqu'un jeune homme, qui aspire à la gloire,
dans un cinquième étage, penché sur sa table de travail, à
l'heure silencieuse de minuit, perçoit un bruissement qu'il ne
sait à quoi attribuer, il tourne, de tous les côtés, sa tête,
alourdie par la méditation et les manuscrits poudreux; mais,
rien, aucun indice surpris ne lui révèle la cause de ce qu'il
entend si faiblement, quoique cependant il l'entende. Il
s'aperçoit, enfin, que la fumée de sa bougie, prenant son
essor vers le plafond, occasionne, à travers l'air ambiant,
les vibrations presque imperceptibles d'une feuille de papier
accrochée à un clou figé contre la muraille. Dans un
cinquième étage. De même qu'un jeune homme, qui aspire à la
gloire, entend un bruissement qu'il ne sait à quoi attribuer,
ainsi j'entends une voix mélodieuse qui prononce à mon
oreille: « Maldoror! » Mais, avant de mettre fin à sa méprise,
il croyait entendre les ailes d'un moustique... penché sur sa
table de travail. Cependant, je ne rêve pas; qu'importe que je
sois étendu sur mon lit de satin? Je fais avec sang-froid la
perspicace remarque que j'ai les yeux ouverts, quoiqu'il soit
l'heure des dominos roses et des bals masqués. Jamais... oh!
non, jamais!... une voix mortelle ne fit entendre ces accents
séraphiques, en prononçant, avec tant de douloureuse élégance,
les syllabes de mon nom! Les ailes d'un moustique... Comme sa
voix est bienveillante. M'a-t-il donc pardonné? Son corps alla
cogner contre le tronc d'un chêne... « Maldoror! »

Eärendil

Nombre de messages : 96
Age : 32
Date d'inscription : 18/11/2007

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Maldoror Empty Re: Maldoror

Message par poeteric Lun 24 Mar - 17:08

j'avais un recueil concentré de poèmes grandioses.Quand j'étais petit.Mr Ducasse en faisait parti.Il s'est perdu.Pourtant je le lachais pas.Quand j'étais petit.

je croyais que c'était toi qui l'avais écrit,en fait
merci pour ce partage

pseudonyme m'a dit qu'il avait grandement apprécier un de textes,parmi ceux qu'il aime tous,sur baudelaire il me semble,c'est donc avec non sans feinte envie,comme quand j'étais petit,de découvrir tes inspirations.

c'est bon de le lire...

poeteric

Nombre de messages : 933
Age : 50
Date d'inscription : 11/02/2008

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