roberto juarroz - poésie verticale
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roberto juarroz - poésie verticale
Y aura-t-il un rythme dans la mort,
au moins un rythme ?
Peut-il y avoir quelque chose sans rythme ?
Toute l’énigme, sans doute,
consiste à le trouver.
Nous pouvons commencer
par le silence (15ème p.v.)
Ils étaient pour un autre monde
Tout dialogue, rompu.
Tout amour, rapiécé.
Tout jeu, marqué.
Toute beauté, tronquée.
Comment sont-ils arrivés jusqu’ici ?
Tout dialogue, verbe.
Tout amour, sans pronoms.
Tout jeu, sans règles
Toute beauté, offrande.
Il y a sans doute une faille
dans l’administration de l’univers
Des créatures erronées ?
Des mondes égarés ?
Des dieux irresponsables ?
Ils étaient pour un autre monde (14ème p.v.)
La nudité est antérieure au corps, et le corps quelquefois s'en souvient
Il dessinait partout des fenêtres.
Sur les murs trop hauts,
sur les murs trop bas,
sur les parois obtuses, dans les coins,
dans l'air et jusque sur les plafonds.
Il dessinait des fenêtres comme s'il dessinait des oiseaux.
Sur le sol, sur les nuits,
sur les regards tangiblement sourds,
sur les environs de la mort,
sur les tombes, les arbres.
Il dessinait des fenêtres jusque sur les portes.
Mais jamais il ne dessina une porte.
Il ne voulait ni entrer ni sortir.
Il savait que cela ne se peut.
Il voulait seulement voir : voir.
Il dessinait des fenêtres.
Partout.(12ème p.v.)
Etre.
Et rien de plus.
Jusqu'à ce que se forme un puits en-dessous.
Ne pas être.
Et rien de plus.
Jusqu'à ce que se forme un puits au-dessus.
Ensuite,
entre ces deux puits,
le vent s'arrêtera un instant.(12ème p.v.)
au moins un rythme ?
Peut-il y avoir quelque chose sans rythme ?
Toute l’énigme, sans doute,
consiste à le trouver.
Nous pouvons commencer
par le silence (15ème p.v.)
Ils étaient pour un autre monde
Tout dialogue, rompu.
Tout amour, rapiécé.
Tout jeu, marqué.
Toute beauté, tronquée.
Comment sont-ils arrivés jusqu’ici ?
Tout dialogue, verbe.
Tout amour, sans pronoms.
Tout jeu, sans règles
Toute beauté, offrande.
Il y a sans doute une faille
dans l’administration de l’univers
Des créatures erronées ?
Des mondes égarés ?
Des dieux irresponsables ?
Ils étaient pour un autre monde (14ème p.v.)
La nudité est antérieure au corps, et le corps quelquefois s'en souvient
Il dessinait partout des fenêtres.
Sur les murs trop hauts,
sur les murs trop bas,
sur les parois obtuses, dans les coins,
dans l'air et jusque sur les plafonds.
Il dessinait des fenêtres comme s'il dessinait des oiseaux.
Sur le sol, sur les nuits,
sur les regards tangiblement sourds,
sur les environs de la mort,
sur les tombes, les arbres.
Il dessinait des fenêtres jusque sur les portes.
Mais jamais il ne dessina une porte.
Il ne voulait ni entrer ni sortir.
Il savait que cela ne se peut.
Il voulait seulement voir : voir.
Il dessinait des fenêtres.
Partout.(12ème p.v.)
Etre.
Et rien de plus.
Jusqu'à ce que se forme un puits en-dessous.
Ne pas être.
Et rien de plus.
Jusqu'à ce que se forme un puits au-dessus.
Ensuite,
entre ces deux puits,
le vent s'arrêtera un instant.(12ème p.v.)
Re: roberto juarroz - poésie verticale
poésie verticale III, 2a
L'autre qui porte mon nom
a commencé à me méconnaître.
Il se réveille où je m'endors,
double la conviction que j'ai de mon absence,
occupe ma place comme si l'autre était moi,
me copie dans les vitrines que je n'aime pas,
creuse les cavités que j'élude,
déplace les signes qui nous unissent
et visite sans moi les autres versions de la nuit.
Imitant son exemple,
j'ai commencé à me méconnaître.
Peut-être n'est-il d'autre manière
de commencer à nous connaître.
L'autre qui porte mon nom
a commencé à me méconnaître.
Il se réveille où je m'endors,
double la conviction que j'ai de mon absence,
occupe ma place comme si l'autre était moi,
me copie dans les vitrines que je n'aime pas,
creuse les cavités que j'élude,
déplace les signes qui nous unissent
et visite sans moi les autres versions de la nuit.
Imitant son exemple,
j'ai commencé à me méconnaître.
Peut-être n'est-il d'autre manière
de commencer à nous connaître.
Re: roberto juarroz - poésie verticale
Poésie verticale IV - 24
Si nous connaissions le point
où quelque chose va se rompre,
où le fil des baisers sera coupé,
où un regard cessera de rencontrer un autre regard,
où le cœur ailleurs s'élancera,
nous pourrions mettre sur ce point un autre point
ou du moins l'accompagner quand il cède.
Si nous connaissions le point
où une chose va se fondre avec une autre,
où le désert rencontrera la pluie,
où l'étreinte atteindra la vie,
où ma mort s'approchera de la tienne,
nous pourrions dérouler ce point comme un serpentin
ou du moins le chanter jusqu'à mourir.
Si nous connaissions le point
où une chose sera toujours cette chose,
où l'os n'oubliera pas la chair,
où la source est mère d'autre source,
où le passé ne sera jamais le passé,
nous pourrions le laisser seul et abolir tous les autres
ou du moins l'abriter dans un lieu plus sûr.
Á Laura
Si nous connaissions le point
où quelque chose va se rompre,
où le fil des baisers sera coupé,
où un regard cessera de rencontrer un autre regard,
où le cœur ailleurs s'élancera,
nous pourrions mettre sur ce point un autre point
ou du moins l'accompagner quand il cède.
Si nous connaissions le point
où une chose va se fondre avec une autre,
où le désert rencontrera la pluie,
où l'étreinte atteindra la vie,
où ma mort s'approchera de la tienne,
nous pourrions dérouler ce point comme un serpentin
ou du moins le chanter jusqu'à mourir.
Si nous connaissions le point
où une chose sera toujours cette chose,
où l'os n'oubliera pas la chair,
où la source est mère d'autre source,
où le passé ne sera jamais le passé,
nous pourrions le laisser seul et abolir tous les autres
ou du moins l'abriter dans un lieu plus sûr.
Á Laura
Re: roberto juarroz - poésie verticale
IV - 4
Personne ne commence où il veut
mais où prend fin l'arrogance
de cela que n'est personne.
Nous commençons tous dans un coin sans personne
et à ce coin finalement nous revenons
croyant par erreur qu'il y a quelqu'un.
Mais le centre de la joie d'être quelqu'un
est la joie de ne l'être pas,
l'exacte compréhension
de dessin de ce filet que nous tendons,
dans le métier précis
de pêcheurs que ne pêchent pas le poisson
mais la perte du poisson,
jusqu'à pêcher leur propre perte.
Personne ne commence où il veut
mais où prend fin l'arrogance
de cela que n'est personne.
Nous commençons tous dans un coin sans personne
et à ce coin finalement nous revenons
croyant par erreur qu'il y a quelqu'un.
Mais le centre de la joie d'être quelqu'un
est la joie de ne l'être pas,
l'exacte compréhension
de dessin de ce filet que nous tendons,
dans le métier précis
de pêcheurs que ne pêchent pas le poisson
mais la perte du poisson,
jusqu'à pêcher leur propre perte.
Re: roberto juarroz - poésie verticale
Poésie verticale VI - 7
Comment aimer l'imparfait
si l'on écoute à travers des choses
comme le parfait nous appelle?
Comment parvenir à suivre
dans la chute ou l'échec des choses
la trace de ce qui ne tombe ni n'échoue?
Peut-être nous faudrait-il apprendre que l'imparfait
est une autre forme de la perfection:
la forme que la perfection assume
pour pouvoir être aimée.
Comment aimer l'imparfait
si l'on écoute à travers des choses
comme le parfait nous appelle?
Comment parvenir à suivre
dans la chute ou l'échec des choses
la trace de ce qui ne tombe ni n'échoue?
Peut-être nous faudrait-il apprendre que l'imparfait
est une autre forme de la perfection:
la forme que la perfection assume
pour pouvoir être aimée.
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