mindwalk

La vie est bien faite...
Un jour de super blues, un super film de blues...
Un jour de paix, un film de perspectives...



Sous le prisme de trois points de vue théoriquement incompatibles (le poète solitaire, le politicien en mal de sens et la physicienne désabusée), une vision holistique du monde et de la vie.

La version française semble en rupture de stock et aux vues de la densité des dialogues (sans parler des idées), difficile de recommander ce film underground dans sa version originale qui n'a même pas encore été édité en DVD. Pourtant, vieux de 17 ans, il est incroyablement visionnaire, presque une prémonition du phénomène internet...

Il pourrait facilement être réduit à la présentation de la théorie des systèmes vivants interconnectés, décrivant l'univers comme un réseau de relations, mais il s'avère bien plus subtile grâce à la multiplicité des angles présentés.
C'est plutôt un essai spirituel sur le sens de la vie, de l'amour, de l'action ou de la non-action, sans la prétention d'apporter une réponse, ce qui est plutôt rare...Loin d'être anodin...


Quelques citations, notées au vol et en traduction libre.


La physicienne: "Nous vivons une crise de perception. Je propose un système de pensée écologique par opposition au système de pensée mécanique cartésien."


Le poète: "Si les fenêtres de la perception étaient fermées, les choses pourraient apparaître telles qu'elles sont. Blake"


La physicienne: "[La théorie des systèmes est] la danse cosmique de la Création et de la Destruction." Le politique: "Oui, mais qu'en faire?" Le poète: "Il suffit de la contempler. La danse de Shiva est l'Univers."


Le poète (en jouant un accord sur un piano): "Les relations font de la musique."


La physicienne: "L'essence de la vie est l'auto-organisation. Le vie s'auto-maintient, s'auto-renouvelle et s'auto-transcende."

Le poète (après avoir longuement fulminé et déclamé un très beau poème de Pablo Neruda- "Enigmas", Canto General, XCII. ): "La vie ne peut pas être condensée [à un système]. Et vous [s'adressant à la physicienne], où vous situez-vous par rapport à ceux que vous aimez?"

"Life feels itself."

Premier extrait: >> l'horloge <<

Ce film exprime les limitations de la vue cartésienne du monde qui le réduit à un ensemble de pièces mécaniques que l'on peut théoriquement analyser individuellement et propose une perspective alternative basée sur les relations et les interactions ainsi que la compréhension des processus plutôt que celle des éléments. Donc une approche dynamique plutôt que statique. Mais surtout, ce film présente une vision encore plus complète en alliant, grâce à sa forme, la vision scientifique, avec la vision politique et la vision poétique, et en cela, que l'on soit d'accord ou pas avec les théories affichées, il offre une approche originale renforçant la puissance du thème de l'interdépendance. Encore une fois, la diversité prouve son intérêt...
Bien qu'antérieure au phénomène internet, cette théorie préfigure assez bien le web et la blogosphère. Il est certain que l'on imagine encore mal toute la portée des nouvelles interactions créées, nos conditionnements nous empêchent de vraiment saisir la profondeur et l'impact de cette évolution qui est probablement comparable à celle de l'imprimerie. Deux choses des plus étonnantes: 1) Comment dans ce chaos d'information, l'information adéquate finit-elle par effectivement arriver jusqu'à nous? 2) Comment les individus "compatibles" parviennent-ils au hasard des clicks à se retrouver au milieu de l'océan des relations possibles?
On ne peut alors s'empêcher d'envisager qu'il y aie une force en rien technologique qui rende tout cela possible...Donc le véritable intérêt de cette technologie serait-il simplement qu'elle modifie notre perspective?

>> interconnexions <<

>> crise de perception <<

>> pablo neruda <<

Enigmas

You've asked me what the lobster is weaving there with
his golden feet?
I reply, the ocean knows this.
You say, what is the ascidia waiting for in its transparent
bell? What is it waiting for?
I tell you it is waiting for time, like you.
You ask me whom the Macrocystis alga hugs in its arms?
Study, study it, at a certain hour, in a certain sea I know.
You question me about the wicked tusk of the narwhal,
and I reply by describing
how the sea unicorn with the harpoon in it dies.
You enquire about the kingfisher's feathers,
which tremble in the pure springs of the southern tides?
Or you've found in the cards a new question touching on
the crystal architecture
of the sea anemone, and you'll deal that to me now?
You want to understand the electric nature of the ocean
spines?
The armored stalactite that breaks as it walks?
The hook of the angler fish, the music stretched out
in the deep places like a thread in the water?

I want to tell you the ocean knows this, that life in its
jewel boxes
is endless as the sand, impossible to count, pure,
and among the blood-colored grapes time has made the
petal
hard and shiny, made the jellyfish full of light
and untied its knot, letting its musical threads fall
from a horn of plenty made of infinite mother-of-pearl.

I am nothing but the empty net which has gone on ahead
of human eyes, dead in those darknesses,
of fingers accustomed to the triangle, longitudes
on the timid globe of an orange.

I walked around as you do, investigating
the endless star,
and in my net, during the night, I woke up naked,
the only thing caught, a fish trapped inside the wind.


Translated by Robert Bly