Aliénation Sociale

De toute façon je suis malade et sain à la fois, intelligent et bête à la fois, intuitif et convaincu à la fois etc etc

De toute façon oui je ne suis pas intègre, et l'intégrité proprette des autres me rend malade.

De toute façon oui, on ne peut plus parler de rien, ni parler des gens, sans que la morale et la bienséance replète d'elle-même ne s'en mêle.

De toute façon oui, on ne peut plus rien dire d'intéressant, sans que les autres vous ignorent, ou trouvent de l'intérêt inspiré à vous répondre.

Moi je ne suis inspiré par rien.

Je suis une bête méchante et tendre à la fois.

Et j'aime à honorer mon ego, là où les autres ont presque honte d'en avoir un, là où les autres tentent de le dissimuler très habilement, de le barder avec des délicatesses aussi fines que des tranches de bacon, de le canaliser comme si tout débordement était une chose honteuse.

De toute façon oui, les hommes mourront avec leurs civilités à la con, leurs protocoles précieux, leurs kits de savoir-vivre Ikéa, et leurs humeurs aseptisées frôlant la septicémie.

De toute façon oui, le but finalement à être civilisé c'est l'aliénation sociale, la rupture avec la nature, et la naturalisation, la banalisation de la sédentarité et de la paresse intellectuelle.

L'ère est celle des écrans, du vu visible, de la remarque remarquable.

L'ère est celle des monstres de populisme et de l'individu-roi.

Il n'y a guère plusse de place que pour les gueules pixélisées, les arts notables, les pensées acceptables, la folie raisonnable et la raison masturbatoire d'un monde qui ne sait plus penser.

Les gros ploucs d'antan sont désormais devenus des intellectuels.

Les guignols d'autrefois sont désormais devenus ceux qui nous gouvernent.

Et les marionnettes de jadis sont désormais devenues un luxe payant.

Les citoyens se plaignent de précarité et de pauvreté, alors qu'au fond ils ont une mentalité de droite, et envient ceux qui ont du pognon.

Ils feraient n'importe quoi pour devenir milliardaires ; ils jouent au keno, au loto, au tiercé, et à des jeux de grattage, ils accumulent bons plans sur bons plans, ils n'ont pas d'argent mais par contre ils sont maquillés, bien fringués, ils ont un appart, une voiture, même un chien, des consoles de jeu, un ordinateur, une tablette etc etc

Ils passent leur temps à gueuler contre tout et son contraire, mais au fond ils vont très bien, et d'ailleurs tout va très bien aussi.

Tout ce qui n'est plus exploitable, ou digne d'être exploité, est jeté : les malades, les vieux, les intérimaires, les sans-papiers, les détenus,les étrangers etc. et on va même jusqu'à supprimer le contact humain dans les commerces ... mais par contre on exploite et on taxe par n'importe quelle manière que ce soit le tabac, l'alcool, le shit, l'essence des bagnoles, l'industrie du luxe, l'industrie du spectacle, l'industrie des médicaments etc

La moralité de l'affaire c'est : vous pouvez vous détruire, ça nous aidera à gonfler les caisses de l'Etat, et pas que, mais s'il vous plait, ayez une mort subite ! car certes les maladies sont aussi un bon filon pour gagner du fric, mais ça coûte de pluze en plus cher, alors essayez d'avoir des maladies incurables, et le système ira beaucoup mieux.

Et dans cette société malade et dépravée, il faut faire bonne figure, mais si toi-même tu es devenu malade et dépravé, alors à ce moment-là tout le monde crie au scandale, alors que finalement tu ne fais qu'être honnête par rapport à ton époque.

Epoque grave, où les gens se consolent avec des amours qui puent, avec des tchat sur le net, où ils balancent entre vacuité intéressante et intérêts de la vacuité, se consolent avec des parures et des fringues, des dorures et des flingues, des masques et des moulures, autant dire avec des moisissures.

Epoque vide et vidée de tout, mais où la littérature n'a jamais été aussi abondante.

Epoque vide et vidée de tout, mais où et ce peut-être paradoxalement ... ou pas, la substance existencielle et poétique n'a jamais été autant "pratiquée ". Y'a qu'à voir sur le net où des citoyens lambda se prennent pour Arthur Rimbaud, et n'ont qu'une claque à vous foutre sur la gueule, dès que vous dîtes à ces personnes qu'au fond elles sont risibles et bien ridicules, avec leurs textes aussi pompeux et lourdingues, qu'un verre de scotch pris dans le wagon Première classe d'un train de jadis.

Epoque où tout le monde brille, et veut briller encore et encore.

Epoque où tout le monde se dégueule, et attend aussi les dégueulis des autres, pour avoir des idées et des opinions.

Epoque malfamée, où ceux qui nous gouvernent payent des tueurs à gages ou des comprometteurs professionnels, afin de supprimer ceux qui se sont battus contre la dictature des multinationales et de l'occident en général, où ces mêmes qui nous gouvernent utilisent le commerce de la corruption, des femmes, des enfants, de la drogue, des armes etc pour s'enrichir, enrichir les pays aussi, mais où par contre ils vont nous faire de long discours pour nous dire qu'il faut faire baisser le chômage, que le citoyen devrait faire ceci ou cela, d'une façon honnête, pour améliorer la situation.

Regardez franchement la gueule et l'allure de ces sinistres hommes portant la veste et la cravate ... vous croyez que ce sont des gens heureux ? La vérité c'est qu'ils sont flippés, hypocondriaques, et qu'ils se bourrent d'anxyolytiques et d'anti-dépresseurs pour finalement même pas réaliser qu'ils ne sont pas à la hauteur de leur tâche.

Comment voulez-vous qu'ils puissent transmettre le bonheur au peuple, et le confort etc, quand on réalise que ce ne sont juste que des malades mentaux en costume.

Société décadante, ivresse des profondeurs et du flacon, vite !

Vite, j'ai soif !